LA RÉSERVE NATURELLE

« Une île privée sans statut légal peut concrètement être mieux protégée grâce à une surveillance assidue exercée par son propriétaire qu’une île publique avec statut, mais ne faisant l’objet d’aucune surveillance. La protection des habitats de nidification, grâce à l’attribution d’un statut, est une démarche indispensable partout ; mais sans une présence permanente ou une surveillance adéquate, le statut seul n’offre aucune garantie de protection. »

 

Gaston Déry, gardien de l'Île aux Pommes

Une réserve naturelle en milieu privé

Cette réflexion de Gaston Déry a inspiré une avenue de solution permettant d’atteindre l’objectif de protection à perpétuité, sans pour autant restreindre de façon démesurée les privilèges d’une propriété privée. Le gouvernement du Québec a adopté la Loi sur la conservation du patrimoine naturel en 2003. Selon les termes de cette Loi, un milieu naturel privé peut légalement être reconnu par le ministre de l’Environnement afin d’en assurer la conservation, à la condition de posséder des caractéristiques particulières sur les plans biologique, écologique, faunique, floristique, géologique, géomorphologique ou paysager.

Après discussions avec la famille, des démarches ont été entreprises en ce sens. Le 19 mai 2004, la Réserve naturelle de l’Île aux Pommes a été reconnue à titre de Réserve naturelle pour une durée perpétuelle par le ministre de l’Environnement, en vertu de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. L’Île aux Pommes devient alors la première île de l’estuaire du Saint-Laurent à jouir d’un tel statut. À ce titre, nous avons identifié des activités prohibées à perpétuité, telles : utilisation de pesticides, introduction de plantes non indigènes, et, compte tenu de la fragilité du milieu, limitation du nombre de personnes ou toute autre activité incompatible avec un milieu accueillant une colonie d’eiders. De plus, les déplacements sont interdits dans la réserve naturelle pendant la nidification, à l’exception des biologistes attitrés au suivi scientifique. Depuis, d’autres organismes privés du Bas-Saint-Laurent se sont prévalus de ce statut de réserve naturelle en milieu privé pour certaines de leurs propriétés.